Travailler avec le jeune « d’où il vient »

 

La rupture entraîne le plus souvent l’oubli de ce que veut dire une activité sociale positive.

Un individu en rupture se coupe plus ou moins vite de son environnement familial et social.

Ce travail passe par un repérage et une reconstitution du réseau relationnel.

Nous accueillons, majoritairement des majeurs, très nombreux sont ceux qui en premier temps expliquent que la rupture avec leur famille est nette et définitive.

Ils n’en attendraient plus rien et ne veulent plus la voir.

Se construire  quand on ne sait pas ce qui a présidé aux ruptures dans le groupe familial ne permet pas de donner du sens à ce que l’on vit.

Nombreux sont les jeunes qui ont du mal à expliquer leur parcours d’insertion depuis la sortie du système scolaire.

Quand nous repérons à l’accueil  cette difficulté, voire impossibilité, nous  pouvons poser l’hypothèse de la discontinuité de l’histoire familiale du jeune.

Remettre de la continuité et du sens tient du travail ethnologique qui pourra déboucher pour certains sur un travail thérapeutique.

Pour pouvoir comprendre ce qui est difficile aujourd’hui, il nous faut bien interroger avec eux sur d’où ils viennent.

Nous appelons ça du retour en arrière.

Le retour en arrière concerne l’ensemble de la vie d’un jeune : sa famille, ses anciens établissements scolaires, les maisons de quartier, les centres de formation, les différentes institutions d’hébergement.

Ces rencontres peuvent être téléphoniques ou physiques.

Le jeune peut entendre de ses proches (devenus souvent lointains) comment ils ont vécu, compris les mêmes bouts d’histoire partagés.

C’est l’occasion de reprendre le génogramme, de le compléter, de l’enrichir.

Ces jeunes en difficultés multiples ont bien souvent une mémoire défaillante, ils tentent donc de construire sur une mémoire à trous, qui entraîne une personne à trous.

Reprendre avec eux le fil de leur histoire permet qu’ils remettent du lien et puissent tout simplement se re-trouver.

C’est à ce moment là qu’ils demandent que nous rencontrions leur famille.